Revue de l’année 2022 dans le monde microbrassicole québécois

Revue de l’année 2022 dans le monde microbrassicole québécois
31 Déc 2022

Introduction

C’est déjà le temps de refaire cet exercice de la revue de l’année! À chaque fois, j’aime toujours prendre ce moment pour me remémorer les bons coups et mes coups de cœur, pour m’arrêter et tenter d’analyser et synthétiser ce qui s’est passé au courant de l’année au niveau brassicole.

Comme à l’habitude, je rappelle que cet article ne se veut pas exhaustif et qu’il reflète seulement mes goûts et impressions en tant qu’amateur de bière. N’hésitez pas à me faire vos recommandations dans les commentaires 😉


1. Les microbrasseries qui ressortent du lot

Cette année, sans que ce soit conscient, on dirait que j’ai moins essayé de bières de nouvelles microbrasseries parmi la variété étourdissante de bières disponibles. Plusieurs des microbrasseries qui se sont pour moi démarquées étaient donc déjà en activité les années passées, mais ont solidifié leur position en tant que microbrasseries qui brassent des produits de qualité.


5e Baron

Ce n’est pas la première année d’activité de 5e Baron, mais c’est en 2022 que j’ai eu pour ma part accès à plusieurs de leurs produits. Personnellement, et contrairement à plusieurs amateurs de bière on dirait, je ne trouve pas nécessairement que ce sont leurs NEIPA qui se démarquent le plus, mais plutôt leurs Lagers et autres styles moins fréquemment brassés au Québec. Des bières comme la Citadin, la Petite France ou la Two Tales Pils se révèlent être de vrais petits bijoux. C’est bien de voir de nouvelles microbrasseries qui réussissent un grand éventail de styles et surtout qui ne se limitent pas qu’à certains créneaux précis.


Le Ketch

La microbrasserie le Ketch située dans le Bas-Saint-Laurent est aussi ressorti du lot cette année pour moi, principalement en termes de NEIPA bien aromatiques et juteuses. Déjà que leurs produits bien houblonnés étaient plutôt bien réussis dans le passé, ils ne cessent d’élever la barre de brassin en brassin. Les incontournables? La série de Docks dans laquelle sont testés différentes combinaisons de houblons, ainsi que la Brume du Littoral, leur fameuse Double NEIPA.


Silo

La microbrasserie Silo n’avait que quelques produits (excellents soit dit en passant) dans le passé. Cette année, ils nous en ont proposé plus d’un qui pour la grande majorité furent exceptionnels. On se concentre évidemment ici surtout sur les styles de bières européens classiques, en étant toujours fidèles aux styles d’origine.


Messorem Bracitorium

Cette microbrasserie est évidemment reconnue avant tout pour ses NEIPA, qui valent évidemment le détour. Cette année, j’avais envie de souligner également la grande qualité de leurs Lagers, qui ont pour la plupart été des bières de soif extrêmement efficaces, tout en demeurant plutôt fidèles aux styles exécutés. Avec des séries comme « Il fût un temps » et « Il était une fois », on a pu déguster différentes Pilsners, Helles ou Kellerbier, toutes plus « crisp » les unes que les autres. 


Les jeunes microbrasseries à suivre pour 2023 :

Brasserie Ayawan, Nano Cinco, Mellön, Herman Brasserie Artisanale, Toltèk, Microbrasserie Madawaska, La belle aventure, et probablement bien plus encore!


2. Les tendances et événements marquants


La popularité des NEIPA, Pastry Stouts et Smoothie Sours ne s’essouffle pas

Les trois styles les plus populaires des dernières années, la NEIPA, le Pastry Stout et la Smoothie Sour, se sont bien installés en tant que produits les plus « hype ». Une vaste portion des amateurs de bière qui recherchent la nouveauté va habituellement apprécier un ou plusieurs de ces trois styles, malgré que certains se fassent toujours un peu plus rares (la Smoothie et le Pastry entre autres, qui ne sont brassés que par une poignée de micros). Même si quelques amateurs de bière commencent à se lasser de ceux-ci, les ventes ne mentent pas quant à la popularité de ces styles.


Une plus grande production et distribution de microbrasseries populaires

D’ailleurs, certaines de ces microbrasseries en vogue qui brassent des styles très recherchés par les amateurs, tels que la Brasserie du Bas-Canada, Messorem Bracitorium ou encore Sir John semblent jouir d’une plus grande distribution qu’auparavant, et ce dans plusieurs régions du Québec. Quelques-unes de ces microbrasseries ont effectivement augmenté leur production ces derniers temps, au plus grand bonheur des amateurs.


Un peu plus d’expérimentations malgré l’uniformisation des styles

Les styles de bières très populaires mentionnés précédemment étant ceux qui font le plus vendre auprès des amateurs, on semble avoir assisté dans les dernières années à une certaine homogénéisation des styles, ou du moins des styles recherchés par les amateurs. La plupart des microbrasseries du Québec a déjà produit une ou plusieurs NEIPA dans les dernières années par exemple, délaissant d’autres styles auparavant plus populaires mais aujourd’hui moins en vogue, comme la Saison, la Black IPA ou le Stout impérial par exemple. Pour imager mes propos : il n’y a à peine que quelques années, on voyait systématiquement arriver à l’automne plusieurs bières plus alcoolisées et foncées comme la Scotch Ale, le vin d’orge ou le Stout, ce qui est beaucoup moins vrai aujourd’hui.

Malgré ces limites imposées autant par les amateurs que les brasseurs, on voit tout de même de plus en plus de belles expérimentations à l’intérieur de ces styles de bière très populaires. Les Smoothie Sours mettent de l’avant des fruits ou ingrédients de plus en plus inusités par exemple. Il est aussi beaucoup moins rare qu’auparavant de se trouver devant une NEIPA avec des houblons moins classiques, les houblons néo-zélandais par exemple qui se font de plus en plus communs. Il faut bien que les bières offertes se démarque d’une manière ou d’une autre, sinon on perd un peu d’intérêt.


Les houblons en concentrés

En parlant de houblons et de NEIPA, les brasseurs semblent plus que jamais utiliser cet ingrédient sous plusieurs de ses formes, au rythme où les producteurs peuvent leur proposer. On voit donc des produits comme les houblons cryo (sous forme cryogénisée et concentrée en lupuline), lupomax (une granule concentrée avec moins de matière végétale résiduelle) ou incognito (un concentré de houblons liquide sans matière végétale) de manière beaucoup plus courante dans nos IPA. Mentionnons aussi d’autres ingrédients connexes comme le Phantasm, cette poudre de raisin à vin néo-zélandais qui vient « booster » le côté tropical des houblons.

Du houblon sous forme Incognito. Source : Beer Alien


Slush, sorbets et autres desserts glacés

Pour poursuivre dans cette tendance du toujours plus juteux et du toujours plus « dessert », une poignée de microbrasseries ont mis en marché différentes slushs, sorbets et desserts glacés à base de bière. Bien que je n’aie pu goûter à aucune de ces initiatives, celles-ci étant majoritairement disponibles en quantités limitées, elles semblent ouvrir un tout nouveau marché aux producteurs de bière. On commence alors à s’éloigner beaucoup de la bière de dégustation comme on la connaît et que l’on apprécie tous, mais si ces produits créent un engouement et répondent à une demande… pourquoi pas?

La Sorbière du Boquébière en collaboration avec le bistro italien le SAVO.
Source de l’image : Silo57


L’ascension des Lagers

En parallèle, je crois aussi que les amateurs de bonnes Lagers sont de plus en plus choyés avec l’offre d’excellents produits au Québec qui se veut de plus en plus constante. Effectivement, il y a de ça à peine quelques années, il aurait été difficile de s’imaginer goûter à plusieurs nouvelles Lagers de différents styles (Pilsners tchèques, Kellerbier, Helles, style Kölsch, différentes Lagers ambrées et foncées, etc.) brassées par plusieurs différentes microbrasseries et ce de manière assez régulière, ce qui est le cas en ce moment. Personnellement, ce sont des bières que j’aime beaucoup lorsqu’elles sont bien réussies alors j’encourage les brasseurs à poursuivre dans cette voie!


Vrooden qui cesse sa production de bière

Ce fût un sujet un peu « controversé » cette année, si on peut le dire ainsi. Personnellement, j’aimais beaucoup les bières d’inspiration allemande des premières années d’activité de cette microbrasserie, qui étaient bien fidèles aux styles d’origine et d’une qualité rarement égalée dans la province dans ce créneau. Je pense par exemple à des bières de spécialité comme la Kölsch, la Ur-Bock, la Heller Weizenbock, la Doppelsticke Altbier et bien plus encore. C’est à partir du moment où ils se sont mis à brasser des styles plus à la mode et de façon un peu moins convaincante disons que l’intérêt des amateurs s’est dissipé.

Quoi qu’il en soit, cet événement met plusieurs questions sur la table : Est-il possible de survivre en tant que microbrasserie au Québec en ne brassant pas de styles populaires? Est-il possible de survivre en ne brassant des bières que dans un seul créneau plus niché, même si celles-ci sont très bien exécutées?


La compétition sur les tablettes

Au niveau des commerçants et des tablettes, la compétition est de plus en plus féroce. Avec les supermarchés qui sont plus nombreux dans les dernières années à offrir une sélection de bière plus qu’adéquate, les commerces spécialisés ont dû redoubler d’ardeur dans leurs offres, services et initiatives. Les Détaillants de bières spécialisés du Québec (DBSQ) se sont instaurés il y a un moment déjà en tant que gage de qualité d’un service personnalisé et passionné, et ne cessent d’agrandir leur nombre de commerces membres un peu partout dans la province. La chaîne de magasins spécialisés Tite Frette s’est aussi imposée un peu plus ces dernières années, mais quelques franchises connaissent actuellement des fermetures, pour différentes raisons. Bref, c’est vraiment au niveau des détaillants qu’on sent une grande compétition, beaucoup plus que par le passé. C’est donc un dossier à suivre.


De nouveaux styles qui tombent rapidement dans l’oubli

Parmi les nouveaux sous-styles de la IPA en provenance des États-Unis, nous avons vu arriver au Québec cette année la Cold IPA, cette IPA fermentée avec une levure à Lager. Comparativement aux India Pale Lagers et Lagers houblonnées de ce monde, elle met plus l’accent sur le houblon, l’amertume et se veut plus « clean » et croustillante. C’est une avenue intéressante, mais après la Brut IPA et la Kveik IPA il y a quelques années, ou encore l’Hydra IPA en 2021, qui sont aujourd’hui des styles plus rarement brassés, on peut avoir l’impression que la grande famille des IPA tourne un peu en rond.


La popularité de la canette

Depuis les dernières années, la canette est vraiment devenue LE contenant de choix des microbrasseries qui proposent leurs produits en dehors de leurs établissements. À part quelques irréductibles, la plupart des microbrasseries encanne aujourd’hui la totalité ou encore au moins une certaine partie de ses bières. Cela s’explique par plusieurs facteurs (son poids et sa taille qui sont plus rentables au niveau du transport, une manipulation plus aisée, une uniformisation du contenant qui facilite le retour et le classement des consignes, etc.). En faisant une brève recherche sur internet, il est facile de tomber sur plusieurs articles qui relèvent les points positifs et négatifs de cette situation.


Conclusion

Je publie un peu moins régulièrement sur la page Facebook et sur Instagram ces derniers temps, mais le site internet est toujours mis à jour régulièrement (souvent à raison d’une fois par semaine) avec plusieurs tests de bière, alors pour ne rien manquer il faut visiter le site directement de temps en temps pour être au courant des nouveautés à essayer.

Si vous désirez nous suivre sur d’autres plateformes, voici quelques liens :


Sur ce, je vous souhaite un joyeux temps des fêtes ainsi qu’une bonne année 2023, laquelle je l’espère sera remplie de dégustations, de partage et de bonnes bières!


Simon


Simon Rioux

Je suis originaire de Trois-Pistoles (oui comme la bière!) dans le Bas-Saint-Laurent, tout comme Manuel et Philippe. J’ai réalisé une maîtrise en anthropologie qui porte sur le thème de l’ancrage régional des microbrasseries du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine. Mes premières expériences avec la bière de dégustation ont été avec celles que l'on retrouvait à la SAQ aux débuts des années 2010 (une sélection assez limitée donc) puis en boutiques spécialisées par la suite. Les styles que j’affectionne le plus sont les Saisons, les bières sauvages, les IPA, les Pilsners, les Lambics, les Barleywines, les Stouts, etc. J’aime bien ce qui est intense au niveau des saveurs, tout en ayant un faible envers ce qui est bien équilibré, mais je suis très ouvert et j’aime découvrir tout ce qui se fait peu importe le style. La plupart du temps, j’essaie de goûter à toutes les nouveautés qui s’offrent à moi.

Comments

  1. Bonjour,
    Je prends beaucoup d’information sur vos dégustations de bières.
    J’aimerais recevoir votre commentaire sur une bière de la Brasserie Malstrom achetée chez TITE FRETTE à Brossard le 3 avril 2023 et que j’ai dégusté hier soir.
    QUADRUPEL 10%
    René Décary

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